Après le GROUPE ELSAN, nous vous proposons aujourd’hui de découvrir une nouvelle entreprise qui fait avancer la RSE dans son secteur d’activité.
Il s’agit d‘AMBASSADE DE BRETAGNE, la plus bretonne des brasseries marseillaises. Située à la Joliette en plein centre de la cité phocéenne, cette brasserie est devenue en 2018 le premier restaurant à décrocher le Label Lucie qui fait référence en RSE.
Retour sur cette démarche exemplaire avec le témoignage d’Emmanuel LAURAND, le gérant d’AMBASSADE DE BRETAGNE.
Emmanuel LAURAND, vous êtes le gérant d’AMBASSADE DE BRETAGNE, une brasserie bretonne située en plein cœur de Marseille. Pouvez-vous nous présenter le concept AMBASSADE DE BRETAGNE ?
AMBASSADE DE BRETAGNE est une brasserie Bretonne. Nous servons des galettes, des crêpes et tous autres plats du terroir Breton. Tradition oblige, nous proposons également 18 cidres à la carte. Nous avons aussi une boutique de produits Bretons sélectionnés sur place. Pour garantir l’authenticité de nos produits, nous travaillons entre autres avec les confitures « Raphaël » fabriquées près de Saint-Malo, le moulin du pavillon et sa farine de blé noir bio « Harpe Noire » issue à 100% de cultures bretonnes, la maison d’Armorine à Quiberon, Éric Baron et ses cidres Carpe Diem et Kerveguen. Nous travaillons également avec de petits artisans comme Pierrick Logiou à Penvénan qui fabrique notre cidre brut et notre jus de pomme à la marque Ambassade de Bretagne.
Depuis sa création, AMBASSADE DE BRETAGNE place les enjeux de l’égalité professionnelle et de la mixité au cœur de son projet d’entreprise. Lauréate de la charte de la diversité en 2011, la brasserie est devenue en 2018 le premier restaurant à décrocher le Label Lucie. Alors que les pratiques RSE sont plutôt rares et éparses dans les restaurants comme le vôtre, pouvez-vous nous expliquer pourquoi avoir choisi de structurer et de faire labelliser votre démarche RSE ?
AMBASSADE DE BRETAGNE est un projet de restaurant qui veut se dupliquer en franchise. Pour cela, il faut apporter de nombreuses « expertises » à nos futurs franchisés. Et selon moi, la partie RH/RSE est essentielle à la bonne marche d’un restaurant. Il fallait donc être ambitieux. C’est pourquoi j’ai choisi de formaliser mes démarches avec un label RSE validé par un audit externe, comme le Label Lucie. Effectivement nous sommes le premier restaurant à obtenir une telle distinction ce qui rend notre démarche crédible et qui nous permettra de proposer et de diffuser les meilleurs outils à nos futurs partenaires.
La démarche RSE d’AMBASSADE DE BRETAGNE repose sur des valeurs fondamentales que sont le respect, la solidarité, le progrès et l’honnêteté. Comment vous y êtes-vous pris pour traduire ces engagements en actes concrets ?
C’est en 2009 que j’ai signé la Charte de la Diversité. Ensuite, chaque année nous devions remplir un questionnaire expliquant notre démarche en interne, les améliorations en cours ou à venir. Deux ans plus tard, on me téléphone pour me dire que l’AMBASSADE DE BRETAGNE est lauréate de cette charte en PACA. Je ne m’attendais pas à recevoir ce prix. Ce fut un déclic. J’apprenais que je faisais de la « RSE ». D’une démarche personnelle fondée sur mes valeurs, j’ai compris qu’il fallait aller plus loin en diffusant cette RSE au sein de mon équipe et auprès de mes autres parties prenantes. Cela allait devenir un atout.
Mais pour aller plus loin, il a fallu structurer la démarche et mettre en place des outils et des indicateurs. J’ai alors choisi de valider ma démarche RH avec le label Empl’itude, premier label territorial en France qui valorise les actions et les bonnes pratiques des organisations en matière d’emploi, de ressources humaines et d’engagement sociétal. 6 mois de travail et d’accompagnement plus tard, nous obtenons en 2014 le label pour la première fois. Depuis, nous l’avons renouvelé en 2017.
Et pour que notre démarche RSE traduise réellement nos engagements les plus sincères, nous avons axé notre développement sur 4 valeurs fondamentales :
Le respect : c’est une valeur à l’adresse de nos clients, de nos fournisseurs, entre nous, vis-à-vis de l’entreprise. Il y a de la diversité dans notre équipe, comme auprès des clients et des fournisseurs avec qui nous travaillons. Âges, origines, convictions religieuses, mœurs, situations de famille. Le respect de cette diversité à l’embauche, des opinions différentes, des façons d’être et de se comporter, participent au respect ensuite de nos méthodes et process de travail.
La solidarité : elle est essentielle dans notre métier où le travail d’équipe est capital. Si une personne ne peut pas se trouver à son poste, une autre doit être en mesure de la remplacer. Nous sommes une entreprise engagée. Plusieurs de nos collaborateurs participent régulièrement à des ateliers pour faire progresser des personnes en situation difficile, qui recherchent un emploi ou qui sont en reconversion professionnelle. Nous leur apportons un peu de notre temps et de notre expérience. Nous participons également à des évènements extérieurs comme les « Défis Mécénovats » en accompagnant des personnes en situation de handicap visuel au MUCEM. En déplaçant nos référents, nous faisons preuve de patiente, d’écoute et d’attention. Ce qui nous parait évident à force de le faire ne l’est pas pour les nouveaux salariés. Nous devons les accompagner, en étant au départ à leur rythme, pas au nôtre et rester solidaire à chaque instant pour la réussite de nos missions.
Le progrès : c’est l’exigence, la persévérance et le travail. C’est rechercher en permanence les améliorations dans l’accomplissement de nos tâches. Mise en place de formations pour tous chaque année avec le Fafih ; évaluation et progression des responsabilités confiées : toute l’équipe participe à un projet qui lui-même est en progrès. C’est un objectif commun.
L’honnêteté : c’est le socle de la confiance. Les collaborateurs et l’entreprise doivent se rendre cette confiance mutuellement. Nous avons par exemple mis en place une badgeuse pour sécuriser les heures travaillées. Nous sommes à l’écoute des considérations de nos collaborateurs pour un équilibre personnel / professionnel. Sur les tâches administratives, notre directrice travaille à distance depuis chez elle tous les mercredis. Les plannings sont aménagés pour que les jeunes mamans ne travaillent pas les soirs. Mais aussi les papas quand ils en font la demande !
Si vous ne deviez retenir qu’une seule bonne pratique pour illustrer votre démarche RSE, ce serait laquelle ?
Nous accueillons de nombreux stagiaires. Ils viennent du Pôle Emploi, de l’Ecole de la Seconde Chance, des Missions Locales, ou des stagiaires de troisième. Pour l’année 2018-2019, nous accueillerons par exemple 14 stagiaires de 3ème ! C’est une opportunité pour tout le monde. Le stagiaire découvre un métier et nos chefs de rang en salle ou nos commis en cuisine doivent épauler ce stagiaire durant sa période de découverte. Ainsi nos collaborateurs montent en compétence par le simple fait de transmettre ce qu’ils savent. Cela leur donne confiance en eux et renforce la cohésion d’équipe. Une bonne pratique et un échange bienveillant entre la personne qui découvre un métier et celle qui le pratique tous les jours.
Pour demain : quels sont vos projets et axes de développement en matière de RSE ?
Pour obtenir le Label Lucie, ce fut une année de travail entre l’engagement dans cette démarche et l’obtention du label après l’audit de Bureau Véritas. C’est une démarche qui nous engage à toujours nous améliorer. Ainsi, nous nous engageons quotidiennement sur de nouveaux objectifs. Cette démarche de progrès permanente est saine car nous serons de nouveau audités tous les 18 mois. Ce n’est pas juste du « déclaratif ». Nous identifions les principaux points d’amélioration comme les économies d’énergie ou le gaspillage/recyclage, deux postes importants dans notre métier de restaurateur. Nous devons nous améliorer et c’est l’ensemble des collaborateurs qui propose des solutions. C’est devenu une « façon d’être » en interne.
Enfin, si vous deviez inciter un dirigeant d’entreprise à faire de la RSE, que lui diriez-vous ?
Proposer la démarche à tous les salariés, comme un jeu et s’engager dans un label pour que cela devienne un objectif commun et donne du sens. Si une majorité de salariés s’empare de cette démarche et de cet objectif, il y aura de la fierté à faire partie de cette entreprise. Et très vite, le chef d’entreprise y trouvera un intérêt : maîtrise des coûts, amélioration des process, qualité de vie au travail, cohésion d’équipe… Tout paraîtra plus simple et performant. Il faut trouver ce qui pourrait motiver les équipes à s’emparer des sujets RSE (il y en a tellement !).
Crédit photos : AMBASSADE DE BRETAGNE & News RSE