Portrait d’acteur #2 : BLB VIGNOBLES

myRSE Network -Portrait BLB Vignobles

Après TERRE ADÉLICE, nous vous proposons aujourd’hui de découvrir une autre entreprise qui fait avancer la RSE sur son territoire et dans son secteur d’activité. Il s’agit de l’entreprise viticole BLB VIGNOBLES, implantée près de Montpellier.

Maison 100% familiale au double savoir-faire de producteur-négociant, elle s’est développée et a su innover selon un modèle économique unique en France où elle distribue ses vins à des particuliers en Europe via des Vépécistes intermédiaires en leur apportant un service original.
Sous l’impulsion d’une gouvernance dynamique et engagée, elle perpétue de fortes valeurs identitaires héritées des premiers propriétaires du vignoble : exigence, respect, responsabilité, plaisir et partage. Ces mêmes valeurs que l’entreprise partage avec l’ensemble de ses parties prenantes représentent les fondements de sa politique de développement durable.

Preuve de sa maturité RSE, BLB VIGNOBLES a obtenu en 2018 le niveau « Exemplaire » à l’évaluation « Engagé RSE » de l’AFNOR et vient tout juste de décrocher le Prix Coup de Coeur de la démarche globale RSE, au concours national de la Nuit de la RSE.
Son dirigeant Bruno LE BRETON nous explique pourquoi et comment son entreprise entend bien devenir la référence en matière de développement durable dans la production et le négoce de vins du Sud de la France.

 

Bruno LE BRETON, vous dirigez BLB VIGNOBLES une entreprise viticole implantée près de Montpellier. Pouvez-vous nous en dire plus sur votre entreprise ?

A quelques km au Nord de Montpellier, notre entreprise siège au Domaine de la Jasse, voisin du Domaine Montlobre. Ce sont tous les deux les marques sous lesquelles nous commercialisons nos vins. Maison 100% familiale au double savoir-faire de producteur négociant, notre équipe de 11 salariés embouteille un million de bouteilles par an pour un chiffre d’affaires de 3 millions d’euros. Depuis 2013, le vignoble est certifié Haute Valeur Environnemental, il a été labelisé Terra Vitis en 2018 et l’entreprise a été évaluée Engagé RSE niveau Exemplaire cette même année.

L’équipe de BLB Vignobles sous le platane emblématique du Domaine de la Jasse, siège de l’entreprise.

 

Dès 2014, vous décidez d’intégrer la RSE dans votre stratégie d’entreprise. Quels ont été les éléments déclencheurs d’une telle démarche ?

Je suis arrivé au Domaine de la Jasse en 1996, sous la direction de M. Hans Walraven, un importateur néerlandais. Ensemble, nous avons dessiné le profil des vins tels que nous les connaissons aujourd’hui en suivant cette philosophie hédoniste de créer le ‘grand cru de tous les jours’. Quand il prend sa retraite en 2008, je rachète l’entreprise et le domaine. La dette rejoint l’aventure et je me retrouve donc face à deux questions : quelle stratégie adopter pour répondre à la dette, et comment la valoriser ? La RSE a vite été identifiée comme le guide stratégique qui me permettrait de répondre à ces deux questions simultanément. La RSE m’a d’abord donné les clés pour construire la stratégie qui correspond à l’ADN de l’entreprise et qui m’a permis d’être en phase avec mes parties prenantes. Ensuite, elle m’a permis de recevoir une certaine reconnaissance sur un sujet innovant dans un secteur très controversé notamment sur les sujets de réchauffement climatique et de santé publique.

L’équipe de saisonniers qui prépare les vendanges sensibilisée à la stratégie RSE de l’entreprise à l’occasion d’un petit déjeuner dans les vignes avec l’ensemble des salariés.

 

Depuis, de nombreux acteurs du secteur viticole vous ont emboité le pas en s’engageant à leur tour dans la RSE. Comment expliquez-vous cette tendance de fond ?

Le monde viticole fait face à un questionnement de plus en plus animé de la société, l’alcool, les pesticides, la pollution, etc… Les réponses traditionnelles de l’intérêt économique de l’industrie du vin ne suffisent plus à justifier ce qui est perçu comme un problème. Les professionnels qui répondent ont pris conscience qu’ils devaient travailler leur contribution sociale, environnementale et économique ensemble et adopter une transparence leur permettant de ne plus subir la pression sociétale mais bien de pourvoir y apporter des réponses. C’est le sens de cette démarche « responsible », dont l’étymologie en anglais veut bien dire « able to give a response » : capable de donner une réponse.  La profession s’est mise dans cet objectif et est allé à la recherche des outils à sa disposition pour y parvenir. Le syndicat des Pays D’Oc a été précurseur en France en créant avec l’AFNOR un référentiel inspiré de l’ISO 26 000 pour la filière vin.

La confusion sexuelle consiste à diffuser des phéromones synthétiques reproduisant le parfum des phéromones des femelles pour perturber les mâles et inviter le couple à aller s’accoupler ailleurs. Un insecticide en moins et des raisins protégés des larves qui adorent ravager ce fruit

 

Exigence, respect, responsabilité, plaisir et partage, telles sont les valeurs qui incarnent le fondement des 4 principaux engagements que porte BLB VIGNOBLES à l’égard de ses parties prenantes que sont ses collaborateurs, clients, vignerons, fournisseurs, partenaires et institutionnels. Comment cela se traduit-il au quotidien ?

Du petit geste quotidien au grand projet, chaque geste compte en RSE. Au travers de concours et de référentiels, nous nous confrontons aux attentes et aux exigences de nos parties prenantes et nous leur montrons de quoi nous sommes capables. Respecter la nature qui nous entoure, c’est écouter la biodiversité, mettre en place des pratiques moins impactantes comme la confusion sexuelle.

Le respect des femmes et des hommes est également au cœur de notre démarche, notamment sur le bien-être et l’épanouissement au travail : nous avons mis en place cette année une mission de mécénat de compétence qui a permis à une salariée volontaire de travailler auprès d’une fondation qui a levé des fonds pour sauver l’Herbier de Montpellier. Notre responsabilité qui démarre à la vigne ne s’arrête pas au verre : elle se termine une fois que le produit fini est recyclé ou revalorisé. Saviez-vous que le bouchon en liège se recycle ? Vous avez l’habitude de mettre la bouteille dans le bac de verre, et le bouchon peut être également revalorisé. Nous sommes le seul point de collecte au Nord de Montpellier. Vous pouvez trouver le plus proche de chez vous ici : http://www.planeteliege.com/recyclage-liste.php. Enfin, le plus important pour nous, c’est de toujours considérer le vin comme un vecteur de plaisir et de partage. J’ai co-rédigé avec le médecin adictologue Hussam Al Mallak une Charte de la Dégustation Responsable du Vin. Telle un manuel d’utilisation, elle sensibilise aux conditions nécessaires pour consommer du vin comme il faut.

 

Si vous ne deviez retenir qu’une seule bonne pratique pour illustrer votre engagement, laquelle choisiriez-vous ?

La Charte, sans hésiter. Bien que nos pratiques pour répondre à l’enjeu du réchauffement climatique soient toutes aussi importantes, faire bouger les mœurs sur la question de la place du vin dans la santé est un vrai enjeu pour nous. Hussam Al Mallak m’a appris que l’on pouvait trouver dans le vin des vertus très intéressantes pour l’Homme tant que cette boisson était consommée dans le but d’un plaisir partagé. Il a insisté sur les dangers de sa molécule emblématique, l’alcool. C’est un cancérigène puissant, un des pires de notre alimentation. Le bio est reconnu comme étant un produit « bon pour la santé » et « produit dans le respect de l’environnement ». Le slogan du label AB est très clair « Le bio, bon pour (tout) le monde ».  Le vin n’est pas un nutriment, c’est un produit de plaisir. Sous-entendre et suggérer un message laissant croire que le vin est « bon pour la santé » en y adossant un logo bio sur une bouteille est pour cet alcoologue une tromperie dangereuse, en tout cas une démarche qui n’est pas responsable. Nous ne souhaitons pas utiliser pour le vin des référentiels fait pour des nutriments indispensables à l’Homme et préférons la transparence et l’accompagnement à la dégustation responsable. Ainsi, la charte est adressée aux jeunes et aux plus expérimentés, elle amène à la discussion.

La charte de dégustation responsable du vin est disponible à chaque manifestation, ici à l’occasion de l’atelier assemblage de la micro-cuvée co-créée avec nos clients.

 

Après avoir été la première exploitation viticole familiale de France à obtenir le niveau « Confirmé » à l’évaluation AFAQ 26000 en 2015, BLB Vignobles a décroché le niveau « Exemplaire » en 2018. Au-delà de cette belle marque de reconnaissance, qu’est-ce que votre démarche RSE vous a apporté en termes de performance d’entreprise ?

La performance collective d’aller dans la même direction. Chacun, à son échelle, a vite fait le point sur ses pratiques et a gagné en jugement : « ça, c’est pas RSE » vs « ça, c’est RSE ». Cette capacité à mesurer l’impact de chaque pratique a été absorbée par tout le monde, chacun à son rythme. Et même si certains ne trouvaient pas d’intérêt aux chiffres, le comité de pilotage RSE a réussi à en mettre certains en corrélation pour montrer au reste de l’équipe l’importance des indicateurs. Le dernier indicateur qui a fait du bruit chez nous c’est 100 grammes. C’est ce que l’on a retiré au poids de nos bouteilles. Cela revient à une économie de 82 tonnes de verre sur un an. C’est l’équivalent des émissions carbone d’une voiture parcourant 500 000 km sur cette même période. Enfin, nous réduisons également le poids du carton ce qui soulage les troubles musculo-squelettiques des salariés qui les portent mais aussi des clients qui en profitent.

 

Et pour demain : quels sont vos projets et axes de développement ?

S’enrichir encore plus de nos parties prenantes pour s’assurer de la durabilité de nos décisions. Le besoin de transparence est crucial et le message sociétal parfois inaudible et contradictoire. Les enjeux de la viticulture sont importants et la contribution de la viticulture d’hier n’est pas la même que celle qui va être demandée demain. Ce qui était un atout hier comme l’alcool, est clairement une faiblesse aujourd’hui. Pour être sûr d’être en phase avec ces enjeux, le futur est pour nous la co-création. Impliquer nos parties prenantes dans la création du vin, dans son mode d’élaboration, de conception en définissant les indicateurs clés qui montreront dans une blockchain que toute la chaine de ce produit, jusqu’au geste citoyen du consommateur final qui recyclera le verre, le bouchon, est conforme à leurs attentes.

Enfin, si vous deviez inciter une entreprise (du secteur viticole ou non) à faire de la RSE, que lui diriez-vous ? 

Il fut un temps où recopier ce qui marchait était une méthode sûre pour se maintenir ou pour progresser. Un temps où les innovations et les diversifications se faisaient au gré des opportunités. La RSE donne des lunettes nouvelles d’extra lucidité, la RSE permet de voir dans la direction la plus conforme à ce qu’on est, à ce qui a du sens pour nos parties prenantes et au final rapporte un revenu durable et une image positive. Être performant, gagner de l’argent et en être félicité par la société, voila une opportunité nouvelle en France !

 

Crédit Photos : BLB Vignobles.