Comme nous vous l’avions annoncé le mois dernier, nous lançons aujourd’hui une série de portraits d’acteurs de myRSE Network. Ces portraits auront pour objectif de valoriser les entreprises, organisations et collaborateurs qui font avancer la RSE en France et dans le monde.
Grandes entreprises, comme petites PME familiales, vous découvrirez, chaque mois, des témoignages exclusifs de femmes et d’hommes qui œuvrent au quotidien pour développer la responsabilité sociétale de leur entreprise, de leur territoire ou de leur secteur d’activité.
On commence ce mois-ci avec le portrait de TERRE ADÉLICE, une entreprise ardéchoise spécialisée dans la fabrication de sorbets et de crèmes glacées.
Manuel CHATAIN, son Responsable RSE, nous explique pourquoi et comment cette PME familiale, qui emploie aujourd’hui 26 collaborateurs, s’est lancée de manière pleinement volontaire dans la RSE il y a quelques années.
Manuel CHATAIN, vous êtes le Responsable de la RSE chez TERRE ADELICE, une entreprise familiale ardéchoise fondée en 1996 qui est spécialisée dans la fabrication de desserts glacés. Pouvez-vous nous en dire plus sur votre entreprise ?
« Terre Adélice est spécialisée dans la fabrication de sorbets et de crèmes glacées, majoritairement bio et confectionnés à partir de produits locaux. Nous fabriquons des desserts glacés pour les restaurateurs, ainsi que des bûches de Noël glacées.
L’histoire de Terre Adélice commence en 1996, lorsque deux frères, Bertrand et Xavier ROUSSELLE, décident de monter une entreprise artisanale de fabrication de glaces et de sorbets en Ardèche.
Désireux de préserver l’environnement qui les entoure, tout en valorisant le territoire ardéchois, les deux frères vont se lancer dans le bio dès 2009.
Depuis, l’activité de l’entreprise ne cesse de croître, avec notamment l’ouverture d’un salon glacier à Lyon en 2010 et d’un autre à Grenoble en 2017. Le succès est tel que l’ouverture d’un troisième salon en Ardèche est actuellement à l’étude.
Aujourd’hui, Terre Adélice réalise un chiffre d’affaires annuel de 5 millions d’euros (dont 90% concernent le bio) et emploie 26 équivalents temps plein. Plus de la moitié de nos clients sont des professionnels de la restauration (restaurateurs et glaciers). Viennent ensuite des grossistes surgelés spécialisés dans le bio, les magasins bio et les épiceries fines. »
Depuis sa création, la préservation de l’environnement et la valorisation de l’humain font partie intégrante des valeurs de Terre Adélice. Un engagement reconnu par l’obtention du label « Lyon, Ville Équitable et Durable » en 2012, ou encore du Trophée « Entrepreneurs du Futur » dans la catégorie « Développement Durable » en 2015. Mais concrètement, comment cet engagement se traduit-il au quotidien ?
« Notre engagement se traduit tout d’abord dans notre gouvernance d’entreprise. La RSE est portée activement par la direction depuis la création de l’entreprise. A tel point qu’elle fait aujourd’hui partie de l’ADN-même de Terre Adélice.
Cependant, la stratégie et le plan d’actions RSE de l’entreprise ont été définis avec l’ensemble de nos collaborateurs. Cette démarche de coconstruction nous a permis de les engager dans la démarche et d’en faire de véritables ambassadeurs.
Terre Adélice s’engage également pour valoriser l’humain au cœur de son activité. Le bien-être, la santé et la sécurité au travail guident notre fonctionnement. Nos dirigeants sont à l’écoute des collaborateurs. Dans cette optique, nous avons choisi, en 2016, de transformer notre entreprise en mettant en place un mode de management collaboratif basé sur les principes de l’entreprise libérée.
Nous reversons une prime d’intéressement annuelle et chaque collaborateur reçoit des « chéquiers verts » en fin d’année pour favoriser les achats responsables.
Nous nous engageons au quotidien pour la préservation de notre environnement. Notamment en développant l’agriculture biologique, à laquelle nous voulons dédier 100% de notre activité dès 2020. Cet engagement environnemental passe aussi par :
- la coopération avec des producteurs locaux pour des approvisionnements locaux,
- l’écoconception de nos emballages,
- le choix de fournisseurs d’électricité 100% renouvelable,
- la revalorisation des co-produits auprès de partenaires locaux,
- la sensibilisation des collaborateurs au gaspillage alimentaire,
- l’investissement dans des équipements écologiques et économes en énergie,
- ou encore le financement d’un projet photovoltaïque sur le territoire local.
Terre Adélice est également très attaché à son territoire d’implantation. L’entreprise est située en Centre-Ardèche et a choisi d’y rester, pour y développer une agriculture biologique locale et de l’emploi local. Plus de 85% de nos salariés habitent à moins de 20km de l’entreprise. En plus de choisir des prestataires locaux, de nouer des partenariats avec les écoles et lycées environnants et de soutenir le tissu associatif local, nous sommes aussi mécènes de plusieurs organisations locales.
La santé étant un enjeu prioritaire pour Terre Adélice, nous veillons et prenons toutes nos responsabilités pour assurer des produits sains et sûrs pour nos consommateurs. Nous répondons évidemment aux normes et réglementations sanitaires en vigueur. Le niveau de salubrité de l’entreprise est à son niveau positif maximum. Notre système de traçabilité est éprouvé, notamment pour les ingrédients bio. Nous sensibilisons nos clients à la consommation durable. Et pour mieux répondre aux attentes de nos clients, nous avons mis en place un dispositif de gestion et de suivi des réclamations clients.
D’un point de vue économique, notre politique d’achat est dite « responsable ». Nous choisissons nos fournisseurs sur des critères de développement durable et régissons nos investissements sur le long terme en fonction de leurs impacts sociaux et environnementaux.
Ces principes de développement durable, nous les appliquons également à nos deux salons glaciers. Salons glaciers qui ne proposent d’ailleurs que des produits bio (sorbets, glaces, cornets, jus de fruits, thés, cafés etc.). L’électricité de nos salons est également 100% renouvelable et les méthodes de management des équipes sont aussi participatives. »
Début 2017, Terre Adélice a décidé d’aller plus loin en mettant en place une démarche structurée de RSE. Comment vous y êtes-vous pris ?
« Bien que la RSE fasse partie des gênes de Terre Adélice, cela ne suffisait pas pour tendre vers un développement économique durable et responsable. Il fallait structurer notre démarche, avec un plan d’actions adéquat, pour tendre vers une amélioration continue. C’est pour cette raison que nous avons mis en place une démarche complète et totalement volontaire.
En premier lieu, nous avons réalisé un auto-diagnostic de nos pratiques. Nous avons ainsi pu évaluer la maturité RSE de notre entreprise et déceler les pistes d’amélioration à explorer.
Nous avons ensuite associé l’ensemble des collaborateurs à la démarche, en construisant avec eux notre stratégie et notre plan d’action.
Dans un troisième temps, nous avons réalisé un grand travail d’animation, qui nous a permis de mettre en place les actions retenues.
En parallèle, nous avons également beaucoup communiqué et sensibilisé nos parties prenantes, pour porter le projet en interne et le faire reconnaître en externe. »
Quasiment deux ans plus tard, où en êtes-vous aujourd’hui ? Qu’est-ce que la mise en place de cette démarche vous a apporté ?
« Aujourd’hui, notre ambition est de faire labéliser notre démarche RSE dans les deux ans à venir, pour crédibiliser notre engagement et la pertinence de nos actions.
Nous souhaitons également communiquer et valoriser davantage notre démarche, pour sensibiliser encore plus nos parties prenantes. Notre volonté est de leur montrer que notre petite taille n’est pas un obstacle à la mise en place de pratiques RSE. Bien au contraire !
Pour cela, nous travaillons actuellement sur quatre grands projets :
- la rédaction de notre premier rapport RSE,
- la réalisation d’un kit de communication RSE,
- l’organisation de notre prochain séminaire RSE annuel qui aura lieu en mars 2019,
- et enfin le montage d’une formation dédiée à nos salariés-ambassadeurs RSE, qui aura pour objectif de les aider à disséminer les bonnes pratiques en interne.
En tant qu’animateur de la RSE, ce dernier point est pour moi très important, car mon ambition est que « la mission RSE » puisse être assurée demain par n’importe quel autre collaborateur qui souhaiterait reprendre le flambeau.
Même si notre démarche RSE n’est pas encore parfaite, celle-ci est dorénavant plus structurée et dotée d’un plan d’action RSE concret, mis à jour quotidiennement par les collaborateurs qui composent notre Comité RSE. Ainsi, nous avons pu repenser nos pratiques, pour inscrire notre développement dans une démarche d’amélioration continue.
Amélioration de notre image et de nos performances, diminution des risques, réponses positives aux attentes grandissantes de nos clients, anticipation des règlementations à venir : tout autant de bénéfices que notre démarche RSE peut nous apporter au quotidien. »
Si vous ne deviez citer qu’une seule de vos bonnes pratiques pour illustrer votre engagement, ce serait laquelle ?
« Si je devais retenir une bonne pratique que nous avons mis en place chez Terre Adélice, ce serait le séminaire RSE interne à l’entreprise organisé dès le lancement officiel de notre démarche RSE.
Convaincus que notre réussite et notre pérennité ne pourra se faire sans l’engagement de tous, nous avons souhaité sensibiliser chaque collaborateur, quel que soit son poste de travail ou son niveau hiérarchique, pour qu’il puisse s’investir pleinement dans ce projet d’entreprise.
Dans une entreprise dite classique, la RSE est souvent définie et portée par la direction, avant d’être déclinée et appliquée au niveau opérationnel par les collaborateurs. Chez Terre Adélice, nous pensons que l’adhésion des collaborateurs n’en serait que meilleure si la stratégie et les pistes d’améliorations étaient définies par les collaborateurs eux-mêmes.
Durant ce séminaire, nous avons présenté tout d’abord à l’ensemble de nos collaborateurs ce qu’est la RSE ; pourquoi il est important que l’entreprise et les salariés s’engagent dans cette démarche ; et qu’est-ce que cela peut nous apporter dans notre travail quotidien.
Nous avons ensuite animé un temps d’échange collaboratif, sous le format d’un world-café, où tous les collaborateurs, mélangés en petits groupes mixant aléatoirement les services, les âges et les fonctions hiérarchiques, ont pu proposer leurs idées de bonnes pratiques.
Véritable fer de lance de notre démarche RSE, ce séminaire a été une telle réussite qu’il a donné naissance à la création d’un Comité RSE au sein de Terre Adélice. Composé de 5 salariés volontaires, ce comité se réunit chaque mercredi pour faire un point hebdomadaire sur l’avancée de notre plan d’actions RSE.
Notre enjeu est maintenant de pérenniser ce comité, d’en développer l’animation et d’y impliquer davantage de collaborateurs issus des services opérationnels que sont la production et la logistique. »
Si vous deviez inciter un dirigeant d’entreprise à faire de la RSE, que lui diriez-vous ?
« Si je devais inciter un dirigeant d’entreprise à faire de la RSE, je lui dirai que la RSE est une formidable opportunité pour lui de repenser le fonctionnement de son entreprise, pour améliorer sa performance globale. Car la performance économique ne peut plus être le seul indicateur de sa réussite. Aujourd’hui, un dirigeant ne peut rendre son entreprise performante que s’il parvient à concilier développement économique, progrès social et respect environnemental.
Je lui dirai aussi que la RSE n’est pas une mode, mais bien la nouvelle grille de lecture des enjeux de notre société. Enjeux que toute organisation se doit d’intégrer pour être pérenne.
Et les bienfaits sont nombreux ! Certes parfois difficilement quantifiables. Mais bien réels comme le montrent les différentes études publiées sur le sujet ces dernières années.
Et si jamais ce dirigeant d’entreprise n’est pas convaincu par les bienfaits cités plus haut, je l’inviterai à réfléchir à ce qu’il risque de perdre s’il ne s’engage pas sur la RSE… »
Crédit Photos : Terre Adélice.