Portrait d'acteur #5 :
GROUPE SEB

myRSE Network -Image couverture portrait GROUPE SEB

Après AMBASSADE DE BRETAGNE, nous vous proposons aujourd’hui de découvrir une nouvelle entreprise qui fait avancer la RSE dans son secteur d’activité.
Il s’agit du GROUPE SEB, qui est LA référence mondiale du petit équipement domestique.
Retour sur la démarche exemplaire de cette entreprise pionnière avec le témoignage de Joël TRONCHON, le Directeur du Développement du GROUPE SEB.

 

Joël TRONCHON, vous êtes le Directeur du Développement Durable du GROUPE SEB, qui est LA référence mondiale du petit équipement domestique. Pouvez-vous nous présenter en quelques mots et chiffres clés l’activité de votre entreprise ?

Le Groupe SEB est le leader mondial du petit équipement domestique (articles culinaires, petit électroménager), avec des marques internationales comme TEFAL, Moulinex, Rowenta, Krups, Lagostina, All Clad et WMF.
Nous commercialisons plus de 286 millions de produits par an dans 150 pays, soit 9 produits par seconde.
Nous avons plus 35 000 collaborateurs dans le monde, plus de 40 sites industriels, un chiffre d’affaires de 6,812 milliards d’euros, un résultat 2018 de 695 millions d’euros.

 

C’est en 2005 que le GROUPE SEB s’est véritablement lancé dans la RSE, en créant notamment la fonction « Développement Durable » dont vous êtes aujourd’hui responsable. Pourquoi une telle volonté de la part des dirigeants du groupe, à une époque où peu d’entreprises s’intéressaient au développement durable ?

Le Groupe SEB est une entreprise qui s’est engagée depuis longtemps sur la contribution sociale et sociétale. Le Groupe a par exemple été pionnier sur la redistribution des fruits de la croissance aux salariés, en anticipant les lois sur la participation et l’intéressement dans les années 60.

En effet, les actionnaires familiaux et les dirigeants du Groupe ont toujours porté des valeurs humanistes, avec toujours en tête le souci de l’ancrage local et de l’impact des décisions du Groupe sur les territoires où il est implanté.

Le respect de la personne fait toujours partie de nos 5 valeurs fondamentales.

La RSE dès 2005, c’est aussi la volonté du DRH du Groupe, Harry Touret, qui est à l’origine de la création de cette fonction, qui a pour mission d’installer le développement durable dans toutes les pièces de la maison SEB.

C’est pourquoi au sein du Groupe SEB, nous travaillons avec les collaborateurs et les managers pour co-construire des feuilles de route développement durable dans chaque métier. Nos managers sont responsables et conscients des impacts sociaux et environnementaux de leurs actions.

Le développement durable est chez SEB un facteur d’innovation, de fierté et de motivation pour les équipes.

 

15 ans après, les attentes des consommateurs et du marché ont évolué. Quels changements significatifs ont depuis fait évoluer votre démarche ?

Les consommateurs sont de plus en plus des citoyens qui veulent consommer de façon responsable, en prenant en compte, au-delà de la qualité et de la performance du produit, son impact sur la planète, mais aussi où et dans quelles conditions sociales et éthiques il est fabriqué.

L’ère du produit jetable laisse peu à peu place à une préférence du consommateur pour des produits plus durables, réparables.

Le consommateur/citoyen affiche de plus en plus sa préférence pour des marques engagées, qui doivent lui apporter des preuves de leur impact positif, soit social, par la qualité des emplois créés et une politique sociale de qualité, soit environnementale, en innovant par exemple dans l’économie circulaire.

Le consommateur actuel exerce son esprit critique sur la sincérité des entreprises et exige une cohérence entre les engagements des entreprises sur l’ensemble de la palette de la RSE, l’empreinte environnementale et santé des produits bien sûr, mais sans oublier l’engagement social et éthique dans la conduite du business.

Les engagements RSE internes vis-à-vis des salariés, sur la qualité de vie au travail et le respect des droits humains par exemple, doivent être alignés et cohérents avec les engagements pris par les entreprises vis-à-vis de parties prenantes externes, que ce soit les clients, les consommateurs ou les pouvoirs publics.

Avec l’influence des media sociaux, les entreprises peuvent difficilement se permettre d’avoir des « trous dans la raquette » ou des contradictions flagrantes : proposer des produits durables et des modes de consommation responsable à ses consommateurs ne dispense pas de travailler sur une marque employeur attractive et un socle social ambitieux pour tous ses salariés.

 

Votre démarche de développement durable s’axe sur 5 grands enjeux. Pouvez-vous nous les présenter et nous citer quelques exemples d’actions que vous avez mises en place pour y répondre ?

En cohérence avec les Objectifs du Développement Durable (ODD) de l’ONU, notre politique RSE s’appuie sur 5 piliers :

  • People matter : Démontrer au quotidien notre respect pour chaque personne (collaborateurs, consommateurs, fournisseurs…) et notre utilité pour la société.
  • Cooking for good : Promouvoir la cuisine faite maison, saine et délicieuse, accessible à tous, proposer à nos consommateurs des moments de partage, des produits et des services qui facilitent la cuisine au quotidien.
  • Better Homelife : Aider chacun à mieux vivre dans une maison plus saine, avec des produits et des technologies adaptés quels que soient son âge et sa santé.
  • Circular revolution : Réinventer nos produits et nos services pour les inscrire au cœur de l’économie circulaire (réparabilité, utilisation de matériaux recyclés métaux et plastiques, réemploi, recyclage de nos produits en fin de vie…)
  • Climate action : Contribuer à la lutte contre le réchauffement climatique grâce à notre stratégie bas carbone, en s’inscrivant dans le scénario 2°C de l’Accord de Paris (éco-conception, éco-production, éco-logistique)

 

Si vous ne deviez retenir qu’une seule bonne pratique pour illustrer votre engagement, ce serait laquelle ?

Tout le travail que l’on mène sur l’économie circulaire avec notamment la réparabilité.

Notre position de leader mondial du marché du petit équipement domestique nous confère des responsabilités vis-à-vis de l’écosystème. Mais c’est aussi parce que nous avons gardé un savoir-faire industriel et que nous avons la maîtrise du développement et de la fabrication de nos produits que nous pouvons avoir une politique offensive, notamment en matière de durabilité et de réparabilité de nos produits.

Pour cela nous faisons en sorte qu’il y ait des sous-ensembles qui soient facilement démontables. Par exemple, nous choisissons de visser deux parties plutôt que de les coller l’une à l’autre. Nos produits doivent être séparables, démontables, remontables. En parallèle, nous faisons en sorte que l’accès à la réparation soit facile. Nous avons six millions de pièces détachées dans un anctien site industriel reconverti, en Franche-Comté. Nous envoyons les pièces en moins de 48 heures partout en Europe. Notre engagement est celui-ci : si demain, votre produit tombe en panne, il est possible de trouver la pièce détachée pendant au moins dix ans. Nous avons développé des centres de réparation agréés. Il y en a 6 200 dans le monde et 220 en France, au moins un par département. Ce sont des réparateurs indépendants que l’on forme et à qui l’on fournit la vue éclatée de nos produits. Et on ne compte pas s’arrêter là ! On est aussi en train de travailler sur l’impression 3D afin de pouvoir fabriquer à la demande des pièces détachées. On a par exemple réussi à fabriquer la pièce disparue d’un hachoir vieux de 25 ans.

Notre autre gros point d’avancement en termes d’économie circulaire est l’utilisation de matériaux recyclés (métaux et plastiques) dans les produits. C’est un travail de fond que l’on mène à la fois avec nos équipes marketing, développement, industrie, achat et environnement et qui nous a demandé des investissements industriels importants, notamment pour adapter les moules, mais qui aujourd’hui nous permet de faire des économies, les plastiques recyclés étant en moyenne moins chers que les matériaux vierges. Nous nous sommes engagés en 2018 à doubler d’ici à 2025 la part de plastique recyclé dans nos nouveaux produits.

Enfin nous montons des opérations recyclage de poêles et de casseroles avec nos partenaires distributeurs qui nous permettent de recycler l’aluminium et de proposer des gammes 100% recyclées.

Le GROUPE SEB est aujourd’hui présent dans plus de 150 pays. Comment vous y êtes-vous pris pour déployer votre politique de développement durable, dans le temps et à l’international ?

La nouvelle stratégie, finalisée en 2018, est née d’une large concertation interne qui a impliqué en 2017 les différents métiers du Groupe et les équipes d’une douzaine de pays.

La mise en œuvre de la nouvelle stratégie s’appuie sur des feuilles de route thématiques élaborées en collaboration avec les représentants des métiers concernés. Chaque feuille de route est structurée autour de chantiers assortis d’objectifs et indicateurs chiffrés. Deux fois par an, elle fait l’objet d’un point d’avancement organisé par la Direction Développement Durable avec les contributeurs « métier ». En parallèle, les équipes des pays ont commencé à établir leurs priorités d’action, en ligne avec la nouvelle stratégie. Les feuilles de route « pays » sont pilotées par le correspondant Développement durable, souvent le Directeur des Ressources Humaines de la filiale, avec l’appui de la Direction Développement Durable.

 

De nombreux prix et trophées saluent chaque année votre politique de développement durable. Au-delà de ces belles marques de reconnaissance, qu’est-ce que votre démarche RSE vous a-t-elle apporté en termes de performance d’entreprise ?

Je dirais que le développement durable nous permet d’améliorer sans cesse nos relations avec nos différentes parties prenantes.

Au niveau des ressources humaines, c’est un vrai levier d’attractivité et de motivation des collaborateurs. Nous sommes tous en recherche de sens aujourd’hui tant au niveau personnel que professionnel et ceci est encore plus vrai pour les nouvelles générations. On a pu le voir ces dernières années lors d’entretiens de recrutement, de plus en plus de jeunes cherchent évidemment à rejoindre le Groupe SEB pour sa position de leader dans son secteur, mais aussi pour ses actions RSE innovantes auxquelles ils ont envie de contribuer.

De plus en plus de collaborateurs sont demandeurs de projets à impact positif. Pour y répondre, nous expérimentons depuis 18 mois un programme d’innovation sociétale impliquant des équipes de collaborateurs chargés d’explorer de nouvelles opportunités de business à impact social et/ou environnemental.

La RSE nous permet aussi d’avoir une meilleure coopération avec nos clients et la grande distribution en menant de belles opérations communes.

Les prix et trophées nous permettent de mettre en valeur l’engagement RSE de nos équipes internes, et sont aussi un marqueur de performance extra-financière pour nos actionnaires et investisseurs.

 

Et pour demain : quels sont vos projets et axes de développement en matière de RSE ?

Développer davantage les actions de développement durable au niveau international en créant un réseau de partage des bonnes pratiques et communiquer de manière pédagogique auprès des collaborateurs au niveau mondial afin que chacun s’approprie les actions du Groupe et réalise qu’il est acteur dans son métier. De gros chantiers en cours sur 2019 !

 

Enfin, si vous deviez inciter un dirigeant d’entreprise à faire de la RSE, que lui diriez-vous ? 

La RSE permet certainement de créer de la valeur et de l’innovation : mais ne sous-estimez pas l’impact positif de la RSE sur le sens au travail et la motivation de vos salariés. La RSE est aussi un formidable outil de décloisonnement qui vient casser les approches en silo, qui peuvent freiner l’innovation et la coopération.

 

Comme Joël TRONCHON, partagez votre vision de la RSE dans nos portraits d’acteurs en cliquant ici !

(source et crédits photos : Groupe Seb)